Interview Stéphane Brogniart : une montre GPS pour quoi faire ?
Je ne sais plus si c’est après l’interview de François D’Haene ou celle de Luca Papi, mais un lecteur m’a suggéré de poursuivre la série avec Stéphane Brogniart, un coureur qui ‘court à l’instinct’ m’a-t-il dit.
Quel est l’intérêt pour un blog sur les montres GPS ? Ben justement, l’idée m’a tenté de prendre des avis de divers profils pour vous montrer les différentes utilisations que les gens font de leur montre. Ici, c’est un blog sur les montres GPS, mais dans une optique utile. Tout le monde n’a pas l’utilité d’une Fenix 5, il faut savoir exploiter ses fonctionnalités. Sinon, vous vous payez juste un joujou un peu cher.
Du coup, j’ai contacté Stéphane et il a bien gentiment accepté cette interview. Vous verrez qu’il pratique le trail en version rustique. Et j’ai bien aimé son état d’esprit.
Jérôme : Tu as la réputation de courir plutôt au feeling. Est-ce que tu utilises quand même une montre régulièrement ?
Stéphane : Quand en 2009 j’ai voulu sortir du stress et de la pression imposée par les entrainements codifiés, je courais même avec deux montres : une pour l’heure et l’autre que je mettais en route que quand mon attention était à ce que j’étais en train de faire. Plus le temps des deux montres s’est rapproché plus je suis devenu performant et sans séance spécifique. Je ressens depuis tout ce qui se passe en moi et je le maitrise.
Une fois que j’avais compris comment courir en pleine conscience je courais avec une montre pour avoir l’heure et le temps que je courais pour alimenter mon blog en fin de semaine.
Jérôme : Es-tu un « early adopter » : quand as-tu commencé à utiliser une montre GPS ?
Stéphane : Non je n’en avais pas la nécessité, juste pour le trail des roches que j’organise pour mesurer le parcours avec la montre d’un copain du club (raideur). Sinon en sortie longue avec la trace GPX dedans sur les parcours inconnus, mon pote Daniel Grataloup (copilote de Fabrice Delcourt) passionné de tout ça s’en servait avant tout le monde.
J’y suis venu perso avec l’arrivée de Strava. Beaucoup de coureurs me demandaient de montrer mes entrainements, je le faisais sur mon blog mais certains pensaient ou pensent encore qu’il n’est pas possible de faire de telles courses en s’entrainant comme je le fais. Alors j’ai voulu partager grâce à la montre et Strava. Je mets dessus toutes mes balades, ski, vélo, CàP, ski roue, escalade, natation, rando, VTT depuis peu. Ca laisse une trace mais je ne tiens pas de carnet d’entrainement, je ressens ce qu’il est nécessaire de faire pour être capable de donner le meilleur de moi le jour J.
Jérôme : Quelle montre est-ce que tu utilises ? Pourquoi avoir choisi cette marque ?
Stéphane : Le club m’avait offert une Suunto Ambit3 en 2014 qui allait très bien pour ce que j’en faisais.
En 2016 pour la traversée des Vosges il me fallait quelque chose qui tienne plus longtemps alors j’ai acheté une Fénix 3. Malgré le poids je la trouve parfaite, moins belle de les Suunto (c’est juste pour y trouver une différence), mais plus grande autonomie [vous pouvez relire cette phrase 2 fois, vous n’avez pas rêvé, il a bien dit que la Fenix 3 est moins belle que les Ambit3].
Jérôme : Qu’est-ce que tu adores sur ta montre ?
Stéphane : Le fait de pouvoir tout personnaliser.
Jérôme : Quel est le défaut qui pourrait t’en faire changer ?
Stéphane : Plus légère.
Jérôme : Est-ce que pour toi c’est un élément important de ton matériel ?
Stéphane : Pour un type qui court sans montre en compétition et bien je l’ai toujours au poignet car mon entourage en avait marre que je leur demande tout le temps l’heure, et avec mon job de préparateur mental, conférencier, les rdv, etc, il vaut mieux maitriser le temps. Et à la ville la Garmin passe bien.
Jérôme : A quoi est-ce qu’elle te sert pendant les courses ? Est-ce que tu t’y fies vraiment pour adapter ton allure ou est-ce que tu la portes juste pour information ?
Stéphane : Pendant mes balades quotidiennes je m’en sers pour le temps qu’il me reste avant la soupe, pour certaines balades un peu musclées comme une montée des schlitteurs ou un TDK partage des communes, je regarde arrivé au-dessus pour envoyer un message aux potes car le temps peut influencer de qui va payer l’apéro. En sortie longue, je focalise sur le dénivelé car pour moi les heures ou kilomètres ok, mais le dénivelé est le plus important.
Jérôme : Quelles sont les données affichées sur ton écran principal ?
Stéphane : Heure, chrono, dénivelé.
Jérôme : Est-ce que tu programmes des alarmes, des tours automatiques ?
Stéphane : Je ne comprends même pas la question [ahahah].
Jérôme : En dehors de la vitesse et du cardio, quelles fonctions sont importantes pour toi ?
Stéphane : Vitesse : c’est celle que je ressens la plus juste et la montre est incapable de me le dire, il n’y a que moi qui connait ma vitesse juste de chaque instant. Le cardio : la montre n’arrive pas la cheville de mon ressenti, et si je me trompe et bien j’aurais appris quelque chose sur moi [un coureur à l’instinct, je vous l’avais bien dit].
Jérôme : Est-ce que tu t’en sers pour gérer ta charge d’entrainement ou ta récupération ?
Stéphane : Eventuellement je jette un œil en fin de semaine sur Strava pour voir le volume en heure. La récupération, mais je n’ai rien perdu, je pars me balader (presque) tous les jours et j’analyse ce que le corps et surtout le cerveau vont me donner la possibilité de faire. Elle est là la clé, quand je me lève, avoir un vrai ce pourquoi je fais ça, un plan personnel interne, une cause personnelle à défendre, des choses à se prouver, etc. Ca, ça tire vers le haut, car les montres, les plans d’entrainements tout fait, donnent des barrières, des trucs qui sont extérieurs à toi. Tout est en toi (cultive le).
Jérôme : Est-ce que tu l’utilises en dehors de tes courses ? Pour quelle(s) activité(s) ?
Stéphane : A la ville c’est un signe extérieur de : « tu fais du trail ? »
Jérôme : As-tu déjà essayé une montre avec un cardio optique ? Que penses-tu de cette nouvelle technologie ?
Stéphane : Alors si Garmin me fait cadeau de la 5X je pourrai te répondre.
Jérôme : Quelle est la séance d’entrainement que tout runner devrait faire ?
Stéphane : Tu prends un train, qui te mène de l’autre côté du massif à 60-80 bornes et tu te débrouilles pour rentrer sans carte, la bite et le couteau. Arrivé à la maison tu décharges ta montre et tu regardes par où tu es passé [allez, qui s’y met ce week-end ?]. Généralement tu découvres plein de coins à côté de chez toi, tu bouffes du hors-piste, tu demandes ta route, tu sors de ta zone de confort et c’est là que tu commences à vivre.
Jérôme : Quel est le pire conseil que tu entends parfois ?
Stéphane : Il faut se faire mal à l’entrainement pour être bon en course. Si tu veux plus de détails, viens à l’une de mes conférences.
Jérôme : On sort du domaine des montres, avec un budget de 100€, qu’est-ce que tu achètes ?
Stéphane : Des bouquins pour savoir quoi faire quand je me retrouve à pouvoir me mettre au fond du fauteuil de ma cabane.
Encore merci à Stéphane pour le temps qu’il m’a accordé pour cette interview. Maintenant, c’est à vous de jouer si vous avez des propositions à me faire pour la prochaine interview.
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