Les montres GPS dans l’espace, un classement qui n’est pas dominé par Garmin (pas un poisson d’avril)

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Le 24 novembre 1991, l’astronaute américain Terence Henricks effectue sa 1^e mission dans l’espace. A son poignet gauche, il porte une montre Polar. Une Accurex II pour être précis.

Si Timex a fourni l’ultra majorité des montres de sport aux astronautes dans les années 90 et 2000, Suunto est parti pour la première fois dans l’espace en 2001, Apple en 2020 et Garmin seulement en 2021.

Voilà le niveau de détails d’une méga base de données qui recense toutes les montres (1861 en tout !) qui ont été portées dans l’espace. Un projet plutôt original, si ce n’est monstrueux, qui est venu en tête d’un Américain, Robert Jackson, pendant le confinement du Covid. Et il a tout publié.

Ca ne va pas vous servir à grand-chose de savoir tout ça, mais ça ne vous coûtera rien d’en apprendre un peu plus sur le sujet en lisant cette analyse.

Quelques statistiques pour commencer

Vous l’imaginez bien, on trouve dans cette base de donnée des montres portées par les astronautes, beaucoup plus de montres mécaniques qu’électroniques, et encore moins de montres connectées. Ca doit être un des rares classements où Apple arrive en 18^e position et Garmin après Suunto. Dans le domaine du sport, Garmin, c’est actuellement plutôt autour de 75% de parts de marché.

Du point de vue des marques, le podium est occupé par Omega, Casio et Seiko. Ils ont, à eux trois, fourni les deux tiers des montres qui ont été dans l’espace.

Voici pour ce qui est des modèles les plus portés :

• X-33 (Omega)
• DW5600 (G-Shock)
• Speedmaster (Omega)

Donc oui, vous aussi, vous avez peut-être porté une ‘space watch’. Il y a plein de G-Shock, la plus portée par les astronautes étant la DW-5600.

Dans ce classement, les Apple Watch (7 au total) sont toutes regroupées, quelle que soit leur série. C’est la même erreur commise par Strava dans son classement des montres GPS les plus utilisées. Mais dans le cas de la base de donnée des montres qui ont été dans l’espace, on ne peut pas en vouloir à son auteur, car tout est construit à partir de l’observation de photos prises pendant les missions. Donc difficile de différencier visuellement une Serie 5 d’une Serie 6.

Les montres et l’espace

Bien avant l’apparition de la norme de robustesse MIL-STD-810, l’espace a été un environnement très exigeant pour les montres des astronautes : accélérations, vide, chaud, froid, rayonnements cosmiques.

La première, portée par Youri Gagarine en 1961 était une Sturmanskie du fabricant 1st Moscow Watch Factory. Une montre toute simple, de 33 mm de large et avec 3 aiguilles qui donnent l’heure, les minutes et les secondes. Cette série de montres est toujours disponible au catalogue de la marque, désormais appelée ‘Gagarin heritage’.

Quant au premier américain dans l’espace, Alan Shepard, il ne portait pas de montre, sans qu’on sache pourquoi. John Glenn a emporté un chronomètre Heuer 2915a, capable de mesurer le temps pendant 12 heures avec une précision au 1/5^e de seconde près. Il a été modifié avec un bracelet en sangle élastique (l’ancêtre du bracelet nylon à scratch quoi), faisant au passage de Tag Heuer le premier horloger suisse à envoyer une montre dans l’espace.

Pour la suite, il faut savoir que tous les astronautes n’ont pas forcément eu le choix de leur montre. Dans les années qui ont suivies 1965, par exemple, la NASA avait validé et choisi l’Omega Speedmaster. Donc c’était Speedmaster pour tout le monde.

La première montre à accompagner un astronaute dans une sortie extra véhiculaire est russe, une Strela 3017. Mais elle était portée sous la combinaison et pas exposée au vide.

La première montre à aller sur la Lune est une Omega Speedmaster Professional, au poignet de Neil Armstrong et Buzz Aldrin. Mais détail de l’histoire, c’est celle de Buzz Aldrin qui est la première ‘moon watch’ du monde. Pourquoi ? Parce que Neil Armstrong a laissé la sienne dans le LEM pour palier une éventuelle défaillance de l’horloge de bord du module lunaire.

La première montre française dans l’espace est une Yema Spationaute 1 portée par Jean-Loup Chétien en 1982.

Les montres de sport et montres GPS dans l’espace

Si l’on regarde uniquement les marques de montres de sport, voici le classement basé sur le nombre total de missions :

• Timex : 109
• Polar : 24
• Apple : 7
• Suunto : 2
• Garmin : 1

Le problème dans l’espace, pour les montres électroniques, c’est l’écran. Les écrans LCD sont sensibles aux températures et la lisibilité des écrans à LED ont été longtemps peu lisibles dans une forte luminosité extérieure.

La première montre de sport est une Timex Triathlon, portée en 1986 par Charles Bolden. A l’époque, la campagne de publicité vante déjà la robustesse de la montre. En 1986, Timex achète les droits du nom Ironman et la Timex Triathlon devient la Timex Ironman, étanche cette fois à 100 m (au lieu de 50). Cette série ne proposait que l’heure, le chrono, un compte à rebours et une alarme. Elle était disponible en 2 tailles de boitier (déjà !).

Polar est arrivé dans l’espace peu après, en 1991, avec le cardiofréquencemètre Accurex II HRM avec ceinture thoracique. Hé oui, rappelons que Polar est l’inventeur du cardiofréquencemètre portatif, en 1978. Mais rien de dit qu’il l’ait utilisée pour mesurer sa fréquence cardiaque avec la ceinture.

Et pendant près de 20 ans, Timex et Polar sont les seules marques de montres de sport dans l’espace.

En 1996, Roman Romanenko porte une Time Datalink, considérée comme la première smartwatch. Développée avec Microsoft, c’est la première montre capable de télécharger des données sans fil à partir d’un ordinateur. Mais ne croyez pas qu’on parlait déjà de Bluetooth, il s’agissait d’un signal lumineux. La première Ironman Datalink part dans l’espace en 2000. Elle permettait juste un choix de chronomètres, un affichage personnalisable et des alarmes avec message personnalisable depuis un ordinateur.

Suunto réalise son premier vol avec Carl Walz et la fameuse Vector en 2001.

Et en 2016, on voit apparaitre la première montre GPS, celle qui deviendra la reine du triathlon pendant quelques années, la Polar V800, très appréciée des sportifs pour sa précision GPS.

Autant on imagine bien l’intérêt pour un astronaute de pouvoir suivre la fréquence cardiaque 24 h/24 dans l’espace, autant on se dit que la géolocalisation par GNSS, ça ne fonctionne pas là-haut. Alors moi aussi je le pensais. Mais détrompez-vous, une expérience appelée LuGRE (pour Lunar GNSS Receiver Experiment) a démontré en 2025 que c’était possible. Mais avec un appareil quand même plus gros qu’une montre GPS.

La première Apple Watch à voler dans l’espace le fait en 2020. Hé oui, c’est très récent. J’imagine que les 18 heures d’autonomie de la Série 5 à l’époque était un sacré handicap dans l’ISS… En tout cas, ce qui est sûr, c’est qu’aucune Apple Watch Ultra n’a été dans l’espace.

La seule Garmin a avoir été dans l’espace est une Fenix, portée par Jared Issacman en 2021. La photo ne permet pas de déterminer la série, mais on peut penser que cette année-là, il s’agissait d’une Fenix 6.

Pourquoi est-ce que Garmin est aussi peu présent dans l’espace alors que la marque domine largement le marché du sport et que le sport constitue une partie importante de l’entrainement est astronautes ?

Ben je ne sais pas.

On peut déjà penser que les astronautes utilisent bien une montre cardio GPS pour leur préparation physique, mais qu’ils emportent une autre montre, peut-être plus adaptée (ne nécessitant pas de recharge), pour leurs missions spatiales.

En 2021, j’avais tenté d’interpeler Thomas Pesquet sur Twitter pour qu’il nous en dise un peu plus sur le suivi de sa préparation physique et la montre qu’il utilisait pour ça. Je vais retenter dans un tweet qui fera la promotion de cet article et sur LinkedIn. Essayez de le partager et le commenter, pour faire du bruit et attirer son attention. J’ai déjà fait des interviews de quelques sportifs de haut niveau et j’avais trouvé ça intéressant.

Alors, quelle est la montre de Thomas Pesquet ?

Thomas Pesquet a été vu dans l’espace avec plusieurs montres au cours de ses 2 missions :

• Omega Speedmaster
• Omega X-33
• IWC Big Pilot Top Gun Perpetual Calendar

PS : En Russie, on parle de cosmonaute. Aux Etats-Unis, on emploie le mot astronaute. Et en Europe aussi. Avant qu’ils n’intègrent le corps des astronautes européen de l’ESA en 1992, les Français étaient appelés spationautes.

Mention spéciale

J’ai trouvé Scott Parazynski, peut-être pionnier des tests de montres, qui en portait déjà 2 au poignet en 1998.